Elle avait besoin de bouger, d’acheter de nouveaux stylos et de nouveaux cahiers. Rien de très folichon en soit, mais assez pour l’inciter à se déplacer en ville. Et puis, ce n’était pas comme si quelqu’un ici allait lui prêter ce dont elle avait besoin. Être spins avait ses avantages, mais aussi ses inconvénients. Et alors qu’elle se déplaçait dans les couloirs, ignorant les murmures sur son passage, Natacha se rendit compte qu’elle n’ était pas si différente d’eux, et qu’à son arrivée ici, elle aussi avait colportée des ragots sur les araignées. Sans savoir ce que cela pouvait faire d’en être une, sans se douter qu’un jour, elle aussi serait la cible de telles rumeurs. Cette perspective la fit sourire. Cette école était sa maison, les autres élèves ses frères. Jamais elle ne pourrait leurs en vouloir, pas pour si peu en tout cas. Tant qu’ils ne l'embêtaient pas, tout allait bien. Tant qu’ils ne s’en prenaient pas physiquement et moralement à ses attributs d’ animal, la jeune femme pensait pouvoir le gérer.

Alors, avec cette pensée en tête, elle descendit du bus et marcha en direction de sa papeterie préférée. Ce jour là, elle ne portait qu’une robe courte, couleur blanc cassé, presque crème. Cette dernière volait au vent, mais elle n’en avait cure. Tout ce qui l'intéressait, c’était cette boutique, vers laquelle elle marchait en sautillant. De sa démarche limpide, presque féerique, alors qu’elle n’avait pas de chaussures à ses pieds. Elle regarda un instant ses mains vertes, et ses ongles, tout particulièrement, ne regardant pas ou elle allait pour seulement quelques micro secondes. Mais il n’ en faut pas plus pour percuter quelqu’un. Heureusement, aucuns coins de peaux ne s’était touchés dans l’incident. Natacha tomba juste en arrière, s’écrasant par terre comme un oiseau qui se prend une baie vitrée en plein visage. Elle tomba mains et jambes sur le trottoir. Mais sans avoir ressentit la moindre émotion négative vis à vis de son assaillant. C’était déjà ça de prit. Alors, elle ne pipa mot et se contenta de le regarder.

Elle est par terre, le regardant perdre ses moyens. Il est bien transparent, et commence à produire de la fumée, n’est ce pas intéressant ? Alors, quand il lui tend la main, Natacha ne peut que secouer la tête. Ce n’est pas une bonne idée. Cela les ferait souffrir tous les deux. Souriant un peu, elle prend appui sur le trottoir et se relève. Époussetant ses genoux dans un geste qu’elle veut naturel. La jeune femme le regarde, on voit les veines de son visage. Elle ne sais pas pourquoi, mais cela l’inquiète. Son sourire disparaît. Va t’ il vraiment bien ? N’est ce pas douloureux ? Pourra t’ il redevenir uni s’il s'éparpille trop ? Non, cette situation ne va pas. Il faut le rassurer, lui parler, et lui dire que tout est sous contrôle. Alors, Natacha tend une main, main à la verticale, à droite de son visage. Comme dans les saluts, comme quand on prête serment.

- Hey ?

La jeune femme penche la tête vers la gauche, remarquant ses valises, et la carte qu’il a en main. Un nouvel arrivant ? A Opleid ? Il a l’âge d’être un étudiant, et le visage de ceux qui viennent d’arriver. Un air complètement perdu, identifiable entre tous. Oh, c’est comme ça alors, Natacha n’a pas besoin d’en savoir plus. Ré affichant un petit sourire, elle ferma les yeux et agita le poignet, sa main étant toujours tendue.

- Ya pas de mal vous savez, mais, es ce que ça va vous ?